Devant une salle comble, ce seule-en-scène majestueux d'humilité brise les codes pour mieux les reconstruire.
L'oeuvre écrite par Marie-Magdeleine et Julien Marot, mise en scène par ce dernier et interprétée par la première offre une performance scénique hors du commun, un brin schizophrénique certes mais fabuleusement orchestrée. La comédienne joue les 8 personnages d'une famille sans l'aide d'aucun accessoires, si ce n'est une chaise qui suffit à structurer l'imagination du public.
Et là Marceau n'a qu'à bien se tenir ! De par le mime et les oscillations de voix, Marie-Magdeleine passe du tac-au-tac les caractères des 5 frères et sœurs, de leurs parents et de leur grand-mère. Dans une tornade de boutade, des ralentis magiques, le texte oscille entre comédie déjantée et conte philosophique. La famille qui hurle, se dispute,comme une trame chaotique juste normale qui se veut finalement sacralisée dans ses imperfections et met en lumière l'amour et le respect profond qui lie chacun des personnages entre eux. Un sacré bout de femme pour une famille qui a un brin.
Toute l'intrigue démarre lors d'un quiproquo sanguinolent entre les plus jeunes des enfants, une situation prompte à rétablir la place des règles dans la discussion. Fusion de mimiques et d'intonation, de références culturelles et sociales, le Conseil de Fratrie débat éducation à domicile, IVG, psychogénéalogie pour finir en Conseil de Famille tant la situation est grave… mais pas désespérée. D'une grand-mère réanimée aux amphét' aux bribes du spectacle de fin d'année de la plus jeune, cela faisait bien longtemps que l'on n'avait autant ri et poussé la réflexion lors d'un spectacle.
Si on se permet cette critique aujourd'hui, c'est que l'artiste a évoqué une date à Bayonne à l'automne... Tenez donc vous prêt, c'est du pur délire comme on les aime, il ne faudra pas hésiter une seconde ! Pour patienter vous trouverez quelques extraits truculents sur le net.